Notes de lectures
Chaque pièce ou description techniques est précédée d’une référence entre chevron qui permet la localisation dans les manuscrits source.
Ainsi nous aurons :
<A025v-1> : première technique du folio 25v du MS 345 (préfixe A)
<B002r-1> : première technique du folio 2r du MS 346 (préfixe B)
Cette référence est précédée d’un numéro pour en faciliter le repérage et la référence.
Nous indiquerons chaque semaine les folios traités et les pages du livre l’Arte de la Spada où se trouve la transcription consultée pour la traduction.
La partie sur l’épée seule commence au folio 24v. Les folios 24v à 25 v (L’Arte de la Spada pp. 48 – 49) sont inclus dans notre traduction de la partie théorique du traité à partir du §110.
MS 345 folios 25v – 26v (L’arte de la spada pp. 50 – 51)
1. <A025v-1> Premièrement, en ayant l’épée seule, tu pourras t’accommoder en porte étroite de fer avec le pied droit devant, contre ton ennemi, en tenant la main gauche appuyée sur son flanc[1] (i.e. le flanc du côté de la main gauche). Dans cet accommodement tu pourras le serrer[2] en faisant que le pied gauche pousse le droit en avant. Sans faire de coup, en (cette garde) tu auras soin de rester avec les pieds écartés d’un pas bien large pour que tu puisses plus facilement te jeter sur lui ou, quand tu en auras besoin, te retirer en arrière sans dommage pour toi. Parce que tu le tiens ainsi, il sera astreint de faire un coup ou de fuir en arrière. Si toutefois il ne voulait ni se retirer ni donner de coup mais seulement s’opposer à toi dans la même garde avec le (pied) droit devant, toi avec une noble dextérité, tu chasseras[3] le faux tranchant de ton épée sur celle de l’ennemi, la poussant vers sa partie gauche et la mettant dehors. Dans ce temps-là tu passeras de ton pied gauche un grand pas vers sa partie droite en tirant un maindroit au visage ou au bras de l’épée qui ne dépassera pas sanglier-porte étroite de fer. La jambe gauche doit suivre derrière la droite. Et, si ici ton ennemi te répond avec un coup tu pourras lui frapper la main de l’épée avec un demi-revers qui ne dépassera pas queue longue étroite. S’il ne te répond pas avec un coup, ne t’arrête pas de lui tirer le revers susdit à la main de l’épée faisant qu’elle ne dépasse pas queue longue étroite.
Là, si ton ennemi a l’épée à la présence, tu lui feras un peu semblant de pousser une pointe à son côté droit mais tout de suite tu passeras du pied droit vers son côté gauche, chassant le vrai tranchant de ton épée sur la sienne, et dans ce chassement tu feras une demi-volte de main en lui poussant une pointe derrière son épée dans le corps, ta jambe gauche doit suivre derrière la droite. Dans tel chassement, que tu feras du vrai tranchant de ton épée dans la sienne, il est nécessaire que tu lui mettes quelque peu de force pour écraser[4] son épée et la pousser de force vers l’extérieur ou vers le sol ou vers son côté droit de telle sorte que de force tu le surpasses de telle manière qu’à son dépit tu lui chasses une pointe dans les flancs.
Si lui, de quelque manière s’aide contre ton épée et que tu ne réussisses pas ce procédé, c’est à dire qu’il pousse avec le vrai tranchant de l’épée la tienne quelque peu en dehors ou en haut, toi successivement, comme tu t’aperçois d’une semblable action, tu passeras du pied gauche vers son côté droit d’un grand pas en lui faisant avec ta main gauche une prise à la sienne qui tient l’épée en la poussant fortement vers son côté gauche et dans ce temps tu lui tourneras avec l’épée un revers fendant sur la tête, ta jambe droite doit suivre derrière la gauche.
2. <A026r-1> Si tu es accommodé en queue longue étroite avec le pied gauche devant contre ton ennemi, et que lui te tire un maindroit pour te frapper dans les parties hautes, ou une estocade, ou une imbroccade. À chacune de ces bottes tu passeras de ton pied droit un grand pas vers son côté gauche, et dans ce temps tu feras une demi-volte de main en chassant le vrai tranchant de ton épée dans la botte de l’ennemi, et derrière son épée tu feras tout pour pousser une pointe dans la poitrine et tu feras volter la personne bien derrière l’épée, c’est à dire que l’épaule droite soit face à ton ennemi. L’épée viendra à se trouver en guise de garde d’entrée et la jambe gauche doit être fidèle suiveuse de la droite, ensuite tu retireras à l’arrière le pied droit en t’accommodant élégamment en queue longue étroite avec le pied gauche devant.
3. <A026r-2> Si ton ennemi est accommodé en queue longue étroite avec le pied droit devant, tu t’accommoderas dans la même garde. Là tu passeras du pied gauche de travers vers son côté droit en lui tirant un maindroit à la main de l’épée qui ne dépassera pas sanglier-porte de fer étroite, la jambe droite doit suivre la gauche quelque peu par derrière. Si l’ennemi te tire un coup pour te frapper les parties supérieures, tu passeras du pied gauche quelque peu vers son côté droit, et dans ce même déplacement tu feras une demi-volte de main, rencontrant la botte de l’ennemi sur le dessus du vrai tranchant de ton épée à la manière de la garde de tête. Successivement tu lui pousseras par derrière son épée une pointe à la poitrine, ta jambe droite suivra la gauche par derrière fidèlement. Et, dans cette poussée (de la pointe) il est nécessaire que tu forces quelque peu son épée vers son côté gauche et que tu fasses tout pour lui chasser une pointe dans la poitrine.
4. <A026v-1> Si tu es accommodé en queue longue étroite avec le pied droit devant contre ton ennemi, et que lui te tire un maindroit ou, un fendant ou comme tu voudras une estocade ou une imbroccade pour te donner dans la face. Tu passeras de ton pied droit quatre doigts ou une paume vers son côté gauche. Dans ce même déplacement tu feras une demi-volte de la main rencontrant avec le vrai tranchant de ton épée la botte de la sienne, et derrière son épée tu lui pousseras une pointe dans la poitrine ou dans la face. Cette botte nécessite que tu fasses tout pour écraser son épée de telle manière que tu lui chasses la pointe dans la face ou la poitrine. Ta jambe gauche doit suivre la droite quelque peu en arrière. Et en faisant cette botte il est nécessaire que tu laisses bien volter la personne, c’est à dire que ton épaule droite soit face à ton ennemi. L’épée viendra à se trouver en guise de garde d’entrée. Ensuite tu retireras le pied droit en arrière, t’accommodant en queue longue étroite avec le pied gauche devant.
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[1] Gallone : « flanc » mais aussi « cuisse, fémur ». Mot d’originaire du nord de l’Italie.
[2] Stringere : « serrer ».
[3] Cacciare : littéralement « chasser ». Le mot italien a ici le sens de « pousser violement quelque chose ; mettre avec force ; faire rentrer, ficher, fourrer avec force ». Cette acception est attestée au XVIème siècle en français mais ne s’est pas maintenue. Nous conserverons tout de même « chasser » et « chassement » pour éviter les lourdeurs.
[4] Smaçare : A priori avec son « ç » il pourrait être équivalent de smazzare. Ce mot signifie « défaire un bouquet, défaire une botte, distribuer les cartes » et est issu de mazzo « bouquet, jeu, botte, assortiment ». Ce sens n’est pas compatible du contexte d’utilisation de smaçare. Dans le texte smaçare semble synonyme de battere, ribattere (battre, rabattre) et semble plus fort en intensité que premere, spingere (appuyer, pousser). On peut y voir un verbe composé sur mazza « masse, gourdin, gros bâton ». En bolonais il existe smazzular « battre ou percuter avec une masse » de même sens que l’italien mazzicare. Il existe aussi en italien un mazzare « assommer, tuer » forme ancienne et septentrionale de ammazzare. Nous traduirons smaçare par « écraser ».
DDG